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Enquête « collectivités et biodéchets » : seuls 37% des habitant·es de ces territoires d'Occitanie pouvaient trier au 1er janvier 2024

17/06/2024 | Biodéchets Broyage Collectivités Communication Compost Compostage domestique Compostage en établissement Compostage individuel Compostage partagé Déchets verts Formation Gaspillage alimentaire Gestion de proximité Gros producteurs Matière organique Outils de communication Référent de site Réglementation Réseau
Le RCCO et l’Observatoire Régional des Déchets et de l’Économie Circulaire en Occitanie (ORDECO) ont réalisé une enquête détaillée sur les biodéchets au premier semestre 2024. Avec près de 120 réponses notre enquête couvre plus de 70% de la population d'Occitanie. Le panel de collectivités répondantes est large. Il regroupe des territoires très avancés et d'autres qui commencent seulement à déployer des actions en direction du compostage ou de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Dans cette enquête, 41% des réponses proviennent de membres du Réseau Compost Citoyen Occitanie.

Quel contexte pour quelles ambitions ?


Dans le cadre de la loi AGEC, les collectivités ont pour obligation de proposer des solutions de tri et de valorisation de leurs biodéchets à tous·tes leurs habitant·es, depuis le début de l'année 2024.

Or, le premier enseignement de cette enquête est, que, bien que 96% des collectivités répondantes aient mis en place des solutions de tri à la source, au 1er janvier, seulement 37% des personnes vivant sur le territoire des collectivités répondantes pouvait trier et valoriser leurs biodéchets. Les objectifs de la loi AGEC sont donc loin d'être atteints.
Parmi les 120 collectivités ayant répondu à l’enquête, seules 22 indiquent couvrir les besoins de leur territoire au 1er janvier, et, à l'inverse, 30 collectivités environ couvraient moins de 10% de leur population.

Avant même de mettre en place des actions, il est fortement recommandé de réaliser une étude sur le tri à la source des biodéchets sur son territoire. 90% des membres du RCCO ayant répondu à cette enquête l’ont fait et 69% de répondants non-membres également.

Une tendance se dégage toutefois, les solutions de tri et de valorisation se déploient rapidement.

Au premier juin 2024, c'est près de 44% de la population des collectivités répondantes qui devrait se voir proposer une solution de tri et de valorisation de ses biodéchets. Ce chiffre devrait atteindre 50% début 2025.
Graphique 1


Les solutions mises en œuvre par les collectivités.

Cette hausse de la couverture de la population est, notamment, favorisée par la diversité des solutions que peuvent proposer les collectivités.
Le compostage de proximité est la solution la plus mobilisée par les collectivités, qui disposent de plusieurs leviers pour le mettre en place. C'est le soutien au compostage individuel qui est le plus largement mobilisé : 82% des collectivités proposent des composteurs gratuitement, ou à prix réduit. Grace à ces actions, plus de 53 000 composteurs et près de 500 lombricomposteurs ont été distribués dans la région en 2023. Depuis 2013, on estime que 270 000 composteurs et lombricomposteurs ont été fournis, par les collectivités répondantes, à leurs administrés. Cela représente près de 1,1 million de personnes touchées, soit 18% de la population d’Occitanie. L'année 2023 a été déterminante et représente près de 20% des distributions depuis 2013. Dans 47% des cas, cette distribution s’accompagne d’une courte formation obligatoire. Cela étant, 18% des collectivités proposent des formations optionnelles et 39% distribuent les composteurs sans formation.

Le compostage de proximité peut également être collectif et 68% des collectivités répondantes mettent en place du compostage partagé. Dans le détail, 33% des collectivités répondantes ont des composteurs en pied d’immeuble, 41% en ont dans leur espace public et 58% en établissement. Parmi les membres du RCCO, ce sont 85% qui se sont engagés dans la démarche du compostage partagé. Dans une grande partie des cas, le compostage partagé est accompagné de formation pour les personnes bénéficiant de ce service, facteur essentiel pour la pérennisation des bons gestes du compostage.

La collecte existe, elle, sous deux formes : via des points d'apports volontaires ou en porte-à-porte. Ces options sont, respectivement, mobilisées par 24% et 12% des collectivités.Les solutions sont presque toujours complémentaires avec le compostage de proximité. En effet, seules deux communautés de communes proposent uniquement de la collecte.
Enfin, une seule collectivité, sur les 120 ayant répondu à l'enquête, inclut dans ses tournées de collecte des modes de transports moins polluants que les véhicules thermiques.
Graphique 2


Cependant, la loi AGEC ne concerne pas uniquement les ménages et s’adresse aussi aux entreprises et autres établissements.

Les solutions de tri et valorisation des biodéchets doivent être déployées dans les établissements publics, les entreprises, etc. Les collectivités ont un rôle à jouer pour accompagner ce déploiement et le compostage autonome en établissement (CAE) est une solution possible pour traiter, au plus près, une grande quantité de matière organique. Le compostage en établissement est aujourd'hui peu présent dans la région mais son implantation est croissante avec une très nette augmentation en 2023, révélée par l’enquête.


Graphique 3


Le fait que le Compostage Autonome en Établissement se développe nous permet de voir la diversité des établissements qui en bénéficient. Les collectivités répondantes le mettent surtout en place dans des établissements scolaires (32% dans des collèges, 27% en crèches, 18% dans des lycées) et des structures privées (30% dans des campings, 26% dans des EHPAD, 21% dans des restaurants, 15% dans des hébergement touristiques, 11% dans des commerces alimentaires, 9% dans des bureaux et 3% dans des commerces non-alimentaires). 17% des collectivités répondantes mettent en place du Compostage Autonome en Établissement dans des structures médico-sociales (hors EHPAD et hôpitaux) et 14% dans la restauration collective d’entreprise ou d’administration. Enfin 6% le mettent en œuvre dans des hôpitaux et 15% à d’autres type d’établissements.

Bonnes pratiques et freins au déploiement du compostage en Occitanie.

Le RCCO et l'ORDECO ont identifié, au préalable de cette enquête, des éléments pouvant faciliter le déploiement de certaines pratiques par les collectivités. La formation de personnes Référentes de site est, par exemple, très importante pour mettre en place avec succès du compostage partagé. Elle permet une prise en main facilitée des outils par les bénévoles. De plus, la formation Référent·e de Site ouvre la possibilité à celles et ceux qui le souhaitent de continuer d’apprendre, de manière autonome, car elle fournit des ressources disponibles en dehors des heures de formation. Enfin, la formation offre aux stagiaires un sentiment d’appartenance à la communauté de la prévention et la gestion de proximité des biodéchets au sens large comme à l’échelle locale.
Parmi les collectivités répondantes pratiquant le compostage collectif 18% ont fait appel aux formations officielles de l'Ademe pilotées par le RCC pour former leurs Référent·es de site. Cette formation d’une journée, est la plus complète et efficace pour que les collectivités bénéficient de personnes bénévoles compétentes et opérationnelles pour assurer les missions qui leur seront confiées. Au vu du faible taux des collectivités y ayant recours le RCCO va renforcer sa promotion du dispositif de formation.

Le développement du broyage des végétaux s’accélère et la mise en place d'un service de broyage des déchets verts (à domicile comme en déchèterie) permet de favoriser le compostage individuel. En effet, un des freins au compostage individuel est la crainte des désagréments olfactifs, or la présence de broyat dans les apports réduit considérablement ce risque, tout en apportant la matière carbonée essentielle au bon équilibre du compost. La mise à disposition de broyat par la collectivité favorise la pérennisation de l’usage des composteurs.
Pour ce qui est du broyage de déchets verts, 44 collectivités, parmi les 120 répondantes, proposent ce service. Selon notre enquête, ce nombre est en augmentation croissante avec un pic en 2022, année durant laquelle 8 collectivités ont ouvert un service de broyage de déchets verts.
Graphique 4

Au sujet du broyat, les membres du RCCO se démarquent particulièrement. En effet, les collectivités membres du RCCO ayant répondu à l’enquête sont 58% à proposer du broyat à la demande pour les sites de compostage partagés, contre 32% des collectivités non-adhérentes.
Cette différence peut s'expliquer, en partie, grâce à l'importance accordée par le réseau à cette thématique et grâce aux ressources disponibles sur la médiathèque des Réseaux Compost Citoyen. 55% des collectivités proposant un service de broyage le mettent place directement sur le site de leurs déchèteries et 53% ont un site dédié au broyage hors d’une déchèterie ou chez un prestataire de traitement.

La difficulté à obtenir l’équipement de compostage est un enjeu majeur. 50% des collectivités répondantes ont fait remonter un problème d'approvisionnement en composteurs. Ces délais de livraison pouvant dépasser 8 mois sont particulièrement gênants pour le développement des solutions de tri et de valorisation à la source des biodéchets. Le RCCO rappelle donc l'importance cruciale d'anticiper, au maximum, les commandes, du fait de ces délais parfois imprévisibles. Mettre en place des partenariats avec des structures locales pour la fabrication peut aussi permettre de limiter l'engorgement des principaux fournisseurs.

L’analyse de cette enquête nous amène à penser que le « parent pauvre de la prévention et gestion de proximité des biodéchets reste la prévention ».

En effet, un quart des collectivités seulement mettent en place de la gestion différenciée de leurs espaces verts, il y a donc certainement encore de trop nombreux végétaux à gérer.
Par ailleurs, seules 40% des collectivités déploient des plans de réduction du gaspillage alimentaire. La plupart de ces actions de lutte contre le gaspillage alimentaire ont lieu dans les écoles (32% des collectivités, 27% en collège et 15% en lycée). 10% des collectivités tiennent des actions de lutte contre le gaspillage alimentaire dans des EHPAD. En dehors des établissements scolaires et des EHPAD la lutte contre le gaspillage alimentaire est très peu présente. Il est important de sensibiliser les plus jeunes à ces enjeux mais toutes les catégories de population sont concernées. Quelques collectivités ont mis en place des sensibilisations pour les personnels des hôpitaux, les restaurateurs ou encore même des salarié·es d'entreprises du secteur tertiaire.

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Pour conclure, le RCCO note une grande diversité dans les projets des collectivités du territoire. L’évolution générale prend la bonne direction. Les collectivités mettent en place des solutions variées de gestion de proximité et la couverture de la population s’accroit. De nombreuses collectivités sont en retard dans l’application de la loi AGEC et le rythme actuel ne permettra pas de mise en conformité avec les objectifs nationaux, à court terme.

Cette enquête conforte l’utilité du RCCO et renforce notre motivation à déployer des outils au service des collectivités et des autres structures privées et publiques. Notre objectif : accélérer la mise en place de politiques efficaces et ambitieuses en faveur de la prévention et de la gestion de proximité des biodéchets.