Les bénéfices de la gestion de la MO au jardin
24/09/2020 |
Déchets verts
Jardinage au naturel
Matière organique
Paillage
Sol
Des bénéfices pour les sols
Le premier bénéfice pour nos sols est l’enrichissement en éléments minéraux qui pourront être disponibles pour les plantes cultivées.
Jeune courgette planté sur une butte de matière organique (culture en lasagne)
Le deuxième bénéfice pour nos sols est l’amélioration de la structure du sol.
La structure, c’est l’agencement des particules élémentaires dans le sol. La structure dépend de la texture (composition du sol en fonction des différentes tailles de particules ; argiles, limons, sables…) mais aussi de l’activité des micro-organismes du sol. En nourrissant ces micro-organismes (par la matière organique), le jardinier peut améliorer la terre et aller progressivement vers cette structure grumeleuse qui est idéale pour favoriser aération et circulation de l’eau dans le sol. Comment ça marche ?
Les vers de terre anéciques (tels que notre populaire lombric commun), creusent des galeries verticales dans le sol pour venir en surface chercher la matière organique morte dont ils se nourrissent (et grâce au soutien des bactéries et champignons qui commencent le travail de dégradation). Ces galeries sont autant de « cheminées d’aération » favorable à la pénétration de l’oxygène dans le sol, à l’évacuation du CO2 et bien sûr facilitent grandement la pénétration de l’eau dans le sol… et son évacuation lors des excès. Les racines des plantes en profitent au passage pour suivre le chemin de ces galeries et trouver par là une facilité de pénétration dans les profondeurs du sol… et des nutriments « déposés » par les vers de terre dans ces galeries. On parle ici de macroporosité du sol. Si nous voulons aider les vers de terre à entretenir cette macroporosité il faut leur donner à manger, tout simplement ! Ceux-ci sont friands de matière organique jeunes et tendre comme l’herbe, les tontes. Le compost mûr, contrairement à ce que l’on peut imaginer, n’intéresse pas ces lombrics, l’incorporation de cette matière fine étant trop difficile… et il n’y a théoriquement plus grand chose à “manger” pour les vers.
La microporosité quant à elle est le résultat du travail des bactéries et champignons. Ces êtres vivants, lors du processus de dégradation des matières organiques, produisent une sorte de colle « organique » qui agrège les particules minérales pour former des micro-agrégats qui, à leur tour, vont former de plus grands agglomérats. Ainsi, le sol prend cette structure de crumble ou couscous appelée structure grumeleuse par les agronomes. C’est elle qui est recherchée par les jardiniers, parce qu’elle apporte au sol de l’air mais permet également d’améliorer les propriétés et le fonctionnement hydrique des sols.
En effet, l’essentiel de l’eau du sol est stocké dans les petits canaux de ces agrégats. Ces petits canaux ne sont créés que par les êtres vivants. Les outils de travail du sol ne peuvent pas les créer et ne font que participer à leur destruction. Cette eau du sol, donc, se présente sous forme de films d’eau collées aux agrégats. Pour avoir une grande réserve en eau, il faut donc tout faire pour augmenter la microporosité.
Là encore… vive l’apport de matières organiques au sol, nourriture essentielle des bactéries et champignons ! N’oublions pas toutefois que ce sont bien les plantes vivantes (cultivées) les plus efficaces pour produire du carbone : elles fonctionnent comme des panneaux solaires qui transforment le gaz carbonique en carbone organique (sous forme de sucres plus ou moins complexes) qui va se déposer, sous forme liquide, au niveau des racines (les exsudats) pour former un humus très stable.
Pour résumer, la matière organique des sols (humus), de par sa composition, son organisation moléculaire et grâce au travail des êtres vivants du sol, va apporter de la stabilité à la structure du sol, augmentant ainsi le taux d’oxygène dans les espaces lacunaires (indispensable à la croissance des racines) et améliorant l’infiltration de l’eau et son stockage.
Pour améliorer le structure d’un sol : paillons !
Des bénéfices pour la biodiversité au jardin
Ça n’est plus à démontrer maintenant : plus un système est riche et complexe, plus il est stable, résistant aux perturbations extérieures, avec cette capacité à réagir positivement aux stress et « agressions », à se reconstruire rapidement. C’est la résilience, mot à la mode ! La résilience écologique est la capacité d'un système vivant (écosystème) à retrouver les structures et les fonctions de son état de référence après une perturbation. (Wikipédia)
La complexité et la richesse d’un agrosystème (jardin, champs cultivé) c’est quoi ? C’est la diversité des formes de vie, la multiplicité des espèces animales et végétales présentes dans le milieu, la multitude des interactions entre elles avec leur milieu de vie, la richesse de ces milieux, abris, caches, gîtes et repères.
La recette au jardin ? Accueillir la vie, nourrir, héberger tous les êtres vivants, sans distinction aucune : de l’orvet aux chauves-souris, des abeilles solitaires aux punaises prédatrices, des forficules au crapaud commun en passant par les guêpes parasitoïdes et la mésange charbonnière. En cela, la matière organique que nous avons à disposition, ces « déchets verts » vont être bien utiles. Tas de branches, fagots de tiges creuses, haies sèches et fagotières, mais aussi allées de broyat, herbes sèches ou tas de feuilles laissées sous la haie : voici de quoi ravir pléthores d’êtres vivants qui prendront cette matière comme caches et demeures mais aussi comme support de pontes, espaces de rendez-vous amoureux, lieu d’hivernage ou d’estivation, garde-manger …
Divers aménagements à partir de “déchets” végétaux pour accueillir la biodiversité au jardin
Des bénéfices pour la planète : le stockage du carbone
Les sols sont d’importants réservoirs de carbone sous la forme de matière organique. Ils sont émetteurs de gaz à effet de serre sous la forme de dioxyde de carbone (CO2), lorsque les matières organiques s’y dégradent mais en même temps, ils contribuent au stockage de carbone lorsqu’elles s’y accumulent, la matière organique des sols étant constituée pour plus de 50 % de carbone. Dans certaines conditions, le sol peut stocker plus qu’il n’émet. Et nous pouvons l’y aider tout simplement en restituant le maximum de matières organiques sur et dans nos sols, le plus directement possible, c’est à dire en évitant le compostage (émetteur de CO2 surtout lorsque le compost « chauffe »… et évidemment le brûlage (interdit et extrêmement nocifs et polluants), ainsi que le transport en déchetterie consommateur de pétrole pour les transports et le traitement des matières.
A notre échelle de jardiniers, oui, nous pouvons participer activement au stockage du carbone dans les sols… un jardin produisant en moyenne 500 kg de déchets verts par an (Denis Pépin Compost et paillis au jardin, Editions Terre vivante)!
La haie sèche : une grande capacité de stockage de branches !
Fagottière : un stockage de branche habillé de lianes : clématite et houblon. A recharger l’hiver en branchage divers !
Des bénéfices pour le jardinier
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Très directement, garder ses déchets verts au jardin permet, au jardinier :
• De gagner du temps : pas de remplissage de remorque de voyage et de queue d’attente en déchèterie
• De gagner de l’argent en s’économisant des voyages en déchèterie et d’achats d’amendement et d’engrais
• D’avoir un jardin en bonne santé (donc moins traité) en augmentant sa résilience grâce aux êtres vivants accueillis
• De gagner en plaisir et confort de jardinage dans cet espace accueillant et bien vivant
• De moins arroser
• De moins composter
Pierre Feltz, maître composteur