Lutte contre le gaspillage alimentaire : principaux enjeux, solutions et interview de Pro-Portion
19/06/2023 |
Acteur/Prestataire
Biodéchets
Formation
Gaspillage alimentaire
Gestion de proximité
Gros producteurs
Réglementation
Le meilleur déchet étant celui que l’on ne produit pas, la lutte contre le gaspillage alimentaire est une évidence et devient dès lors une des premières missions de tous les acteur·ices de la prévention et gestion de proximité des biodéchets.
Lutter contre le gaspillage alimentaire participe à réduire l’impact environnemental en agissant sur :
les émissions de gaz à effet de serre ;
l’occupation de terres agricoles pour des productions non consommées ;
l’utilisation de la ressource en eau, la consommation d’énergie, etc.
Les enjeux environnementaux sont donc nombreux et le gaspillage alimentaire, s'il était un pays, serait le 3e émetteur mondial de gaz à effet de serre, derrière la Chine et les États-Unis !
Quelques bonnes raisons
Pour finir de se convaincre, donnons 4 bonnes raisons de lutter contre le gaspillage alimentaire :
1- Faire des
économies sur les achats de denrées ET sur la gestion des déchets.
2- Améliorer
l’équilibre alimentaire des repas par la même occasion.
3- Améliorer la
qualité des produits proposés grâce aux économies réalisées.
4- Se mettre en
conformité avec les lois ayant trait au gaspillage alimentaire.
Le gaspillage alimentaire est ainsi une belle porte d’entrée pour s’engager dans une démarche globale autour des projets liés à l’alimentation : circuits courts, aliments biologiques, etc.
Et il n'est pas possible d'évoquer le gaspillage alimentaire sans inviter le
compostage autonome en établissement à la table. Ce dernier, notamment en restauration collective, fait souvent face à d'énormes quantités de biodéchets à gérer et la lutte contre le gaspillage alimentaire est une des clés de la réussite de ces projets.
Quelques chiffres…
Chaque année en France, près de
10 millions de tonnes de nourriture consommable sont gaspillés, soit l’équivalent de
150 kg/hab./an, ce qui représente
16 milliards d’euros ! Bien que ce gaspillage se répartisse tout au long de la chaîne alimentaire, un quart des pertes sont réalisées dans nos cuisines. Chaque français·e jette en moyenne 20 à 30 kg de denrées par an, dont 7 kg encore emballées.
La restauration collective représente 8% du gaspillage alimentaire en France. C’est 120 grammes par convive et par repas en moyenne pour 3.8 milliards de repas par an (source ADEME, 2020).
Réglementation
Saviez-vous qu’en 2016, la France a été le premier pays au monde à promulguer une loi portant uniquement sur la réduction du gaspillage alimentaire ?
Retour sur les principaux textes et les mesures associées.
Pour les domaines de la distribution alimentaire et la restauration scolaire : d’ici 2025, réduire de 50% le gaspillage alimentaire par rapport à son niveau de 2015.
Pour les domaines de la consommation, de la production, de la transformation et la restauration commerciale : d’ici 2030, réduire de 50% le gaspillage alimentaire par rapport à son niveau de 2015.
Pour atteindre ces objectifs, les actions de lutte contre le gaspillage alimentaire doivent être mises en oeuvre dans l’ordre des priorités suivantes :
la prévention du gaspillage alimentaire ;
l’utilisation des invendus propres à la consommation par le don ou la transformation ;
la valorisation destinée à l’alimentation animale ;
L’utilisation à des fins de compost pour l’agriculture ou la valorisation énergétique notamment par méthanisation.
Les opérateurs de l’agro-alimentaire et tous les acteur·ices de la restauration collective (publics et privés) doivent réaliser un diagnostic et mettre en place une démarche de lutte contre le gaspillage alimentaire.
Les actions
Petit tour d'horizon des différentes possibilités pour vous engager dans cette démarche.
Il existe des structures qui vous
accompagnent à réduire le gaspillage alimentaire. Retrouvez un peu plus loin le témoignage de
Pro-Portion qui œuvre depuis quelques années en Occitanie.
Il est possible de
se former à la lutte contre le gaspillage alimentaire :
- La formation guide-composteur•e intègre maintenant un module (GC26).
- Pro-Portion anime aussi des formations (à retrouver dans la partie agenda des formations).
Il existe aussi des applications qui permettent de « sauver » des invendus (Too good to go, Phénix par exemple).
Voici quelques liens vers des
webinaires de qualité :
-
Complémentarité des actions de lutte contre le gaspillage alimentaire et de mise en place du tri à la source des biodéchets – focus sur la restauration scolaire (ADEME)
-
Les coûts de la PGPROX, partie 2 la lutte contre le gaspillage alimentaire (RCCGE)
Le site dédié de l’
ADEME (
Optigede) où vous pourrez trouver des retours d’expérience.
Et bien sûr la
fiche du
Réseau Compost Citoyen dédiée au gaspillage alimentaire.
Témoignage
Pour finir, retrouvez l'interview de
Florence Flies qui a fondé l'association
Pro-Portion.
Le Cloporteur : comment est née Pro-Portion et racontez-nous l’histoire de ce nom ?
Pro-Portion : la genèse de l’association est liée à ma reconversion après un parcours dans l’industrie pharmaceutique. J’ai, dans un premier temps, participé à des projets de développement en France et à l’international, notamment en rapport avec des associations de femmes. Revenue en France, je décide de prendre à bras le corps le sujet de la réduction des déchets, avec l’objectif ultime que toute personne se sente responsable et capable d’agir sur la réduction des déchets.
Le compostage vient logiquement et rapidement sur la table et je me forme maître-composteure.
Je m’aperçois alors que le gaspillage alimentaire, que j’abordais forcément à un moment ou à un autre de mes accompagnements, devait être le point de départ de ces projets et finalement il devient mon activité à part entière.
L’anecdote à propos du nom est peu commune puisque Pro-Portion est née d’un hold-up ! Un hold-up est un atelier d'intelligence collective proposé par Make Sense qui permet aux entrepreneur•es de résoudre un problème…trouver un nom par exemple.
Le Cloporteur : à quel·s public·s vous adressez-vous ?
Pro-Portion : nous nous adressons à tous les publics.
Nous touchons à la fois les citoyen•nes via des sensibilisations, des stands, les défis-famille…, et à la fois les professionnels à travers des diagnostics, accompagnements et formations : par exemple la restauration collective, que ce soit dans le milieu scolaire (de la maternelle à l’université), le milieu médical, les restaurants d’entreprise…
Le Cloporteur : décrivez-nous votre méthodologie lorsque vous intervenez en restauration collective ?
Pro-Portion : Il n’y a pas de recette miracle pour changer les habitudes. Il faut tout d'abord passer du temps avec ses partenaires, comprendre leur fonctionnement, instaurer une relation de confiance pour proposer des actions adaptées à chacun•e. Concernant nos client·es en restauration collective, nous passons 14 jours en immersion pour co-construire un projet personnalisé.
Les facteurs du gaspillage alimentaire, que ce soit en restauration collective ou au sein d’un foyer, sont en effet multiples et trouver les causes n'est pas forcément évident au premier abord.
Cela nous amène, toujours en concertation, à proposer un certain nombres d'actions, actions qui sont évaluées quantitativement, qualitativement et économiquement.
Enfin, l’objectif est de rendre autonome nos clients à la fin de la mission.
Le Cloporteur : un petit exemple parlant ?
Pro-Portion : le pain est un aliment qui revient souvent dans les diagnostics de gaspillage alimentaire. Nous sommes intervenus récemment dans un lycée où le seul simple fait de couper des morceaux de pain plus petits a permis de réduire les achats de 50% et la facture sur ce poste de 3500 €/an !
Le Cloporteur : et au sein des foyers, quels sont nos leviers d’action ?
Pro-Portion : les facteurs sont là aussi nombreux : la situation de vie, la composition de la famille, les rythmes de vie…
Voici quelques pistes pour réduire le gaspillage alimentaire :
comprendre les dates….DLC et DLUO ;
s’organiser : acheter en fonction de notre présence à la maison, ranger son réfrigérateur de manière à consommer les aliments dont la date est la plus proche et en fonction des différentes zones de température ;
ne pas toujours se fier à l’apparence des aliments, en particulier des fruits et légumes.
Le Cloporteur : En résumé ?
Pro-Portion : « réduire le gaspillage alimentaire, ce n’est pas moins manger, mais mieux manger ! »