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[ETUDE ADEME] Microplastiques présents dans les produits résiduaires organiques

13/11/2024 | Acteur/Prestataire Ademe Compost Déchets verts Gestion de proximité Gros producteurs Matière organique Réglementation Sol
couverture Les produits résiduaires organiques (PRO), incluant les composts, sont potentiellement contaminés en microplastiques et peuvent participer à un transfert vers les sols, puis vers les eaux. Afin d’améliorer les connaissances sur la présence de microplastiques dans les PRO, l’ADEME a mené une étude de leurs principales typologies. Les résultats montrent que si presque tous sont contaminés, les quantités de microplastiques contenus dans les PRO issus de Tri Mécano-Biologique sont préoccupantes.

Contexte de l'étude


plastiquesLes plastiques sont omniprésents depuis les années 1950 dans notre quotidien (emballages, vêtements, meubles...). Leur collecte insuffisante conduit souvent à leur dispersion dans l’environnement, où ils se fragmentent en microplastiques (<5 mm). Si la pollution plastique des océans est bien étudiée, celle des sols l’est depuis peu, rendant urgente l’amélioration des méthodes pour évaluer leur contamination, notamment via les amendements organiques agricoles.

Les produits résiduaires organiques (PRO), comme les composts ou digestats, sont utilisés pour enrichir les sols agricoles, mais ils peuvent contenir des microplastiques (MP) qui polluent les sols et les eaux. L'ADEME a mené une étude pour analyser les types de PRO, identifier les microplastiques présents, évaluer leur impact sur l’environnement et proposer des solutions pour réduire cette pollution.

carte

Méthode


21 familles de PRO ont donc été étudiées avec une même méthode, ce qui rend les résultats comparables entre eux au contraire des données collectées dans la littérature. 83 PRO distincts ont été prélevés sur 70 sites différents, certains sites pouvant disposer de plusieurs procédés de traitement et ainsi produire plusieurs types de PRO.


Principaux résultats


   Des MP majoritairement issus des emballages.
échantillons
Le dénombrement des MP montre que tous les PRO sont contaminés, de manière plus ou moins importante selon les échantillons. Les matériaux les plus représentés parmi les MP correspondent aux plastiques les plus couramment utilisés, en particulier dans l’industrie des emballages de denrées alimentaires.

   Une taille des MP qui n’est actuellement pas visée par la réglementation sur les matières fertilisantes.

Près des ¾ des MP sont de taille < 1 mm : ces particules échappent à la réglementation européenne (règlement UE 2019/1009) sur les matières fertilisantes ou à la réglementation française à venir, puisque seuls les indésirables supérieurs à 2 mm sont concernés.

   Des flux importants pour les composts de Tri Mécano-Biologique (TMB).

Le nombre et le flux maximal de MP est mesuré pour les composts de TMB. Le transfert de MP peut être estimé comme étant 13 fois supérieur à celui observé pour les composts de DCT triés à la source, et de 7 à 9 fois supérieur à celui des digestats de biodéchets. L’utilisation agronomique de ces composts sera interdite début 2027.

   Le déconditionnement manuel des biodéchets par les usagers, un facteur de limitation des MP.

L’étude de deux typologies de PRO distinctes incorporant les matières déconditionnées a permis de démontrer que le déconditionnement mécanique peut entrainer une augmentation de la teneur en microplastique. Le tri à la source des biodéchets des ménages reposant sur un déconditionnement manuel réalisé par l’usager aide à une faible contamination des biodéchets en microplastiques. Les actions régulières de communication en sens doivent perdurer dans les collectivités.


Conclusions et perspectives de l'étude


Cette étude révèle que tous les PRO contiennent des microplastiques, à des niveaux variés. Les substrats agricoles sont les moins contaminés, tandis que ceux issus de TMB en contiennent le plus, en raison notamment des déchets emballés. Près de 75 % des MP mesurent moins de 1 mm, échappant ainsi aux seuils réglementaires actuels et à venir. Certains PRO, comme les composts de TMB ou les digestats de biodéchets, dépassent les limites fixées pour les plastiques >2 mm.

Pour limiter cette pollution, plusieurs actions sont recommandées : réduire l’usage de plastiques et les emballages, améliorer les technologies de déconditionnement, développer des matériaux biodégradables et évaluer leurs impacts environnementaux. Il est également urgent d’approfondir les connaissances sur les effets écotoxiques des MP dans les sols, notamment leur accumulation et leur interaction avec d’autres polluants. Ces efforts doivent s'inscrire dans une démarche d’économie circulaire, bénéfique pour l’agriculture et la santé des sols.

Retrouvez les rapport complet et synthèse de l'étude dans la Librairie de l'ADEME.