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Pourquoi garder nos « déchets verts » au jardin ?

24/09/2020 | Jardinage au naturel Matière organique Paillage Sol
Regardons de plus près le fonctionnement d’une forêt. Une forêt c’est quoi ? C’est un système qui produit des plantes (les arbres) sans aucun besoin d’apport d’éléments fertilisants exogènes. Et ça marche, et ça pousse ! Pourquoi?

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Au jardin : un gisement de déchets verts important… des déchets, vraiment ?

Parce que l’arbre va produire sa propre fertilité… grâce sa « matière végétale ». Cette matière organique va mourir et, après transformation libérer des éléments nutritifs. On pense bien sûr aux feuilles, tiges branches, fruits… c’est la partie aérienne de l’arbre qui tombe au sol pour former la litière et se décomposer lentement. Mais il y a d’autres sources de production de matières organiques : les racines mortes et les exsudats racinaires très efficaces pour produire de la matière organique d’une grande richesse (phénomène de rhizodéposition). Au jardin c’est pareil : toute plante participe à la fertilité du sol par ce phénomène. Evidemment, cette matière organique, pour se transformer, a besoin d’une communauté d’êtres vivants (dont les bactéries et les champignons du sol) lors de processus complexes de biodégradation et minéralisation. Nous n’entrerons pas ici dans ces processus, mais retenons que cette matière organique, pour se transformer, a besoin d’une communauté vivante diversifiée et nombreuse… et que la biodiversité du sol a besoin de matières organiques pour être stimulée, se développer … et rendre de multiples services aux sols et aux plantes.
Nos plantes, au jardin, c’est pareil !
Sauf que le jardinier, comme l’agriculteur d’ailleurs, dans ces systèmes non naturels que sont un jardin ou un champ, va exporter une quantité importante et régulière de ces matières organiques (récolte, arrachage) … et le sol va en manquer peu à peu.
Il faut donc réaliser ce que l’on appelle en agronomie des flux d’apports au sol : restituer des résidus de cultures, des effluents d’élevage, des composts…

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Brutes ou transformées : l’importance des apports des matières organiques au sol





Or il y a un avantage certain à ce que ces apports soient fait par des matières organiques « brutes » c’est-à-dire non compostées. Le compost, s’il est utile à bien des égards, présente un inconvénient : durant son processus de fabrication, beaucoup d’éléments minéraux vont être perdus. Pour le carbone, c’est plus de 2/3 qui partent dans l’atmosphère sous forme de CO2 lorsque le compost est obtenu avec montée de température (Benoit Noel, ingénieur agronome , Rencontres Internationales de l’agriculture du Vivant - 2019). Plutôt que de procéder à des transformations de la matière organique « hors sol », de se donner du travail et de perdre des éléments minéraux qui ne bénéficieront pas aux plantes … autant apporter directement la matière organique morte et fraîche au sol. Comme en forêt !

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Apports de tontes fraîches en paillage (2-3 cm d’épaisseur)





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Culture de pommes de terre sous paillage… ou comment recycler une grande quantité de matière organique !





Pour être plus complet, n’oublions pas également que l’apport de matière organique se fait aussi en augmentant au maximum la production végétale sur la surface cultivée. Produire beaucoup en biomasse (aérienne ET racinaire…le rendement du carbone du sol est 2.5 fois plus élevé pour le carbone rhizodéposé * que pour les résidus des parties aériennes) est un gage de fertilité … à condition de restituer le maximum de cette biomasse au sol. C’est le principe des engrais verts.

Apporter de l’extérieur du système (ou restituer) des matières organiques non transformées, c’est la plus efficace des méthodes pour redonner vie et fertilité au sol du jardin.

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les champignons, acteurs incontournables de la vie du sol : donnons leur à manger ( … de la matière organique bien sûr !!)





* La rhizodéposition, terme inventé par le pédologue Saad Shamoot en 1968, est la sécrétion de composés organiques (cellules détachées de la racine, lysats, mucilages, exsudats, composés désignés sous le terme générique de rhizodépôts) directement dans le sol par les racines des plantes vivantes.

Pierre Feltz, maître composteur